Les insoumises AFGHANES, ongoing
Des libertés inédites se dessinent tandis que le temps semble s’être à nouveau arrêté dans les provinces en proie au retour des Taliban. Une femme fait des graffitis dans des espaces fermés pour ne pas subir de représailles. Une autre apprend à conduire avec un pare-brise cassé sur des routes rarement goudronnées. Ou encore cette jeune fille qui boxe dans le stade où les femmes se faisaient lapider il y a un peu plus de dix ans. De ces images surgissent aussi les questions qui se heurtent à un espace le plus souvent clos : Quel avenir pour ces femmes « émancipées » qui ont connu les Taliban, la guerre, l’exil puis l’espoir de voir l’Afghanistan se développer et se moderniser ? Quelles responsabilités porte l’Occident pourvoyeur de rêves et de désillusions alors que l’OTAN se retire progressivement du pays ? Car l’émergence de cette nouvelle classe féminine et urbanisée ne va pas sans tension : désapprobation des « anciens », insultes des voisins, menaces de mort du camp conservateur. Alors, cette révolution des Afghanes qui portent sur leurs épaules un projet de paix et de modernisation à l’opposé de ce que veulent les Taliban, se fait dans l’intimité d’une chambre, d’un studio d’enregistrement ou d’une salle de sport.
En 2001, les femmes étaient un enjeu symbolique de la reconstruction pour la communauté internationale. En 2014, elles ne sont même plus l’objet du débat alors qu’elles seront les premières victimes collatérales du retrait militaire.
Texte de Marie Bourreau.
* Coup de cœur de l'ANI - Visa pour l'Image (2015)